Fanfaron, mon ami papillon

Ma preums et ma deuz dorment. Je ne sais pas pourquoi mais c'est toujours quand je suis levée presqu'avant l'aube que mes douces en culottes courtes font pour l'une la grasse matinée après un micro réveil et pour la seconde qui après un mega bib et un énorme câlin en peau à peau s'est rendormie tetine au bec bien contente de pouvoir fouisser son nez contre sa couverture chérie d'amour tricotée par sa mamie adorée s'il-vous-plaît. 

Me voilà donc là, à les regarder soutenue par le bâti de porte, ma tasse de thé post café du matin à la main. 

C'est alors que je profite de ce petit moment pour songer à mes dernières aventures et histoires à leur raconter.

Et, il me vient une idée, un souvenir... 

Alors, viens, je t'emmène avec nous découvrir mon ami Fanfaron le papillon. Il a des choses fabuleuses à nous raconter. 

Des choses qui lui sont arrivées ! Et devines quoi !!! Il n'y a pas si longtemps que ça ! 

Même qu'il m'a tout confié pour que je vienne te le conter mais après ma preums et ma deuz a t'il bien insisté. 

Non parce que je ne suis que son porte parole attitré. 

Et oui, grandes vacances obligent il est parti bourlinguer avec ses potes au loin dans une contrée que nous, pauvres humains, ne connaissons pas. 

Bref, Fanfaron c'est un sacré numéro. Il a toujours des rêves plein la tête, oups, pardon, plein les ailes. 

Même que souvent les gens lui disent qu'k' est fou ! 

"Non mais pour qui ils se prennent ? M'interroge t'il souvent. C'est mes ailes, c'est ma tête ! C'est eux qui sont fous de ne pas assez croire en eux. 

Moi, mes rêves, c'est mon moteur. C'est ça qui me fait avancer. Alors même que je n'étais qu'une toute petite chenille !!! 

Je dois bien t'avouer qu'il a fallu que je me frotte les yeux et les oreilles pour écouter ET entendre son histoire, un peu comme sur cette photo au dessus parfois aussi, alors qu'il commence déjà à débiter cette tranche d'ailes, enfin de vie. 

"Tu sais, quand je n'étais qu'une petite chenille, j'avais un rêve, le genre de rêve que tu te dois d'accomplir une fois dans ta vie pour ne pas avoir de regret !!! 

Je voulais voler là-haut, dans le ciel, à bord d'un de ces engins à réaction qui fait des nuages bleu/blanc/rouge une fois dans l'année. 

Tout à fait, tu as deviné, pendant le défilé du 14 juillet, oui ! 

Alors, bien évidemment, je te vois venir Elodie, me dit-il de sa voix douce et tendre, tu vas me dire comme bien des personnes avant que je tombe, au hasard d'un bisou papillon, sur toi, que ce n'est pas possible. Et je te réponds que tu as tord ! Toi, tu passes ta vie à conter alors écoutes Elodivague... 

Alors, allumant une bougie, prête à entendre et m'asseyant en tailleur tandis qu'il virevolte au dessus de ma tête, Fanfaron reprend. 

À l'époque, personne, même pas un membre de ma communauté aux corps de velours n'a parié sur moi. Et bien, figures toi que ça ne m'a pas arrêté, bien au contraire ! Et j'étais bien décidé à leur prouver que je serai au défilé du 14 juillet et qu'ils regretteront tous d'avoir douté. 

Alors, j'ai marché jusqu'au hangar où on entrepose les avions et où on débute la préparation pour le grand jour. Ça fait beaucoup de pas tu sais. 

Pendant que les pilotes travaillaient la chorégraphie, moi, je me suis accroché, dans un coin bien planqué pour ne pas être repéré et, de mon côté, j'ai commencé à me préparer aussi. 

Je n'étais pas arrivé jusque là pour louper le grand jour. 

J'ai fait de mon corps de velours mon cocon mon cocon et, minutieusement, la nature m'a transformation. Je suis passé de la chenille à chrysalide et je gardais en tête ce rêve, alors que je connaissais déjà la choré par cœur. 

C'est dans la nuit du 13 au 14 juillet que je suis devenu un papillon aux couleurs vives et festives. 

Tu sais Elodie, 

Alors en tant que papillon je peux te dire que c'est un peu comme moi, non ?"

Je souris et ris à cet instant trouvant si juste cette pensée de Fanfaron. Si en phase avec lui et bien décidé à vivre sa courte vie intensément pour ne rien regretter. 

Il poursuit avec une nouvelle citation, cette fois d'Alfred de Musset qui appuie fortement mais jamais tristement ou lourdement sur son espérance de vie courte. 

Et c'est ainsi que le 14 juillet, quand les Champs Elysees voient la foule arriver, que notre papillon vole jusqu'à atterrir sur l'épaule d'un des pilotes. 

Au moment du décollage, Fanfaron me raconte qu'il fait le décompte dans sa tête, qu'il cligne des antennes pour vérifier qu'il fait bien de sa vie un rêve comme disait Mère Theresa et, à l'instant de la propulsion, il prend son pied, enfin ses ailes et part instantanément au septième ciel.

"J'ai vu la foule, Elodie, le nez en l'air à regarder cette mousse bleu blanc rouge que les avions dessinent dans le ciel parisien. J'ai effectué un looping juste au dessus de l'épaule de mon pilote pour le remercier et lui signifier ma présence au sein de son pavillon d'acier de l'armée française. 

- Pour finir cette journée qu'as tu fais ? Osais-je le questionner ! 

Et, pour la première fois depuis le début de son histoire, il rougit timidement, comme un enfant n'osant pas dire bonjour. 

- À la fin de la journée, j'ai rêvé sous la Tour Eiffel. Éblouit devant sa stature, sa beauté sublimée ensuite par l'art de la pyrotechnie. Après quoi j'ai papillonné, follement, timidement, tendrement et amoureusement comme un adolescent pendant ses vacances d'été... 

Avec toute ma tendresse, pour mes deux amoureuses des papillons et des avions. 

@elodivague.